Pour recentrer le débat, fort intéressant sur une question de fond.
Clm a écrit : ↑sam. 26 déc. 2020, 02:05
Là encore, vous caricaturez mon propos sur tout le second paragraphe de votre message. Chacun d'entre nous peut aisément identifier dans son comportement de consommation, des achats qui étaient dispensables, pas forcément nécessaires. Dans le transport aérien c'est pareil, il y a, pour les personnes les plus aisées particulièrement, un week-end que l'on aurait pu éviter de faire après deux ou trois voyages déjà effectués dans l'année.
Comment juge t on que tel ou tel comportement est justifiable et son achat nécessaire ou non et si je ne suis pas capable d’en juger (et ce bien raisonnable d’avoir une amie étrangère ? et ce bien raisonnable de faire des études à Dublin ? est ce bien raisonnable de retourner à Barcelone 10x car on aime cette ville et qu’on y a des amis ?) alors qui le fera ? cela existe en Corée du Nord. Je caricature volontiers car la frontière est très fine. C’est en ce qui me concerne pas un système dans lequel j’aimerais vivre, la privation de liberté n’est pas une bonne voie.
Clm a écrit : ↑sam. 26 déc. 2020, 02:05
Pour le jeune cadre urbain, c'est l'enterrement de vie de garçon à Budapest dont les principales activités (boire, faire la fête) ne nécessitaient pas forcément de prendre un avion. Pour une famille, ça peut être un séjour à rester au bord de la mer, alors que de nombreuses destinations similaires étaient accessibles en train, voire à 20 min de voiture pour certains...
Evidemment que certains déplacements sont incompressibles, comme aller voir sa famille à 7000 km de France métropolitaine une fois par an (c'est mon cas en ce moment), devoir revenir en catastrophe pour voir un proche, aller dans une région, un pays spécifique pour s'imprégner de paysages , de sa culture, etc. Ces choses là doivent être préservées autant que possible. Sauf que les LCC n'ont pas vraiment fait fortune sur des voyages mûrement réfléchis. Le cœur de leur demande c'est de la consommation basique de soleil à Malaga, aux Canaries, en Sardaigne, pour pas cher histoire d'y retourner éventuellement une seconde fois.
Il suffit de voir les campagnes de pubs d'Easyjet et de Transavia qui ont souvent ciblé le voyage coup de tête et l'envie de soleil. Le pire pour moi, c'est le moteur de recherche qui te propose des destinations au pif sur leurs sites. Dans le genre incitation à consommer du voyage de manière débile on ne fait guère mieux.
Il suffit de regarder Flight Radar 24 (avant le covid) pour voir que le cœur des flux de transport n'est pas le voyage pour aller voir sa grand-mère ; a moins que la diaspora des canaries soit si importante...
Le low-cost a renforcé le tourisme de masse de manière assez impressionnante ces 20 dernières années, au point de saturer certains espaces, jusqu'à l'Islande !
C'est ce ciblage spécifique de la surconsommation touristique, de la multiplication des city-breaks que je reproche à ce modèle.
Ne caricatures pas non plus, le coeur de la demande est suffisamment mixé, cela ne se résume pas à 80% de soleil à Malaga ou Faro, evidemment sur ces destinations c’est le cas, mais vers/depuis Cluj en Roumanie c’est 80% affinitaire.. on peut en choisir des dizaines d’autres comme ça
. Le mix passager m’étonne d’ailleurs toujours, c’est passionnant. Mais soit, même si le tourisme de masse apporte son lot de forts déagréments (son lot de bénéfices aussi !!), quel droit nous autorise à limiter les déplacements ?, droit fondamental dans l’histoire de l’humanité (le droit du spring-break à Lloret de Mar inclus, même si son utilité est discutable). L’évolution de la population mondiale, son accès à ces envies, qui peut s’octroyer le droit de limiter les libertés ? ou alors on peut tout simplement se poser la question d’origine de limiter la population mondiale ?? mais je crains qu’on se fasse taxer de fou rien que de poser cette question
Je suis perso d’avantage pour trouver des solutions grâce au génie humain que de limiter et limiter encore.
Tu aurais aussi pu reprocher les voyages en Concorde, accessibles uniquement aux plus riches, dont les raisons de voyager étaient aussi discutables pour beaucoup que le sprin break à Lloret...
Clm a écrit : ↑sam. 26 déc. 2020, 02:05
Le bas prix fait perdre la notion de valeur de ce que l'on consomme. A côté de ça, certains sont capables de mettre 1000€ dans un smartphone qui coûte 100€ à produire, mais 50€ dans un voyage... Le modèle low-cost a cette dérive perverse de faire croire au consommateur que les choses sont (presques) gratuites. Sauf que pour vendre pas cher, il faut :
- du volume qui favorise la recherche de l'achat coup de tête
- mal rémunérer les facteurs de production
- etc.
Si ce propos n’est pas caricatural... le volume favorise les coûts de revient bas, l’achat coup de tête est réduit, très franchement j’ai rarement rencontré des gens qui choisissaient une destination fonction du prix, ça existe, mais ce n’est pas la majorité. Imager ou réduire le propos à ce trafic c’est précisémment caricatural.
Quant aux facteurs de production, j’ai tendance à penser qu’ils finissent par augmenter et trouver un peu d’équilibre (il y a toujours mieux à faire, surtout dans le partage de la richesse produite par une entreprise, j’en conviens). Même Ryanair a fortement évolué de ce côté, salariés sous contrats locaux, reconnaissance des syndicats, etc, ça s’appelle du progrès.
Clm a écrit : ↑sam. 26 déc. 2020, 02:05
Mais il est vrai que la question est vertigineuse et je l'ai déjà écrit par ailleurs :
- comment faire quand la Chine, l'Inde et l'Asie du Sud-Est accèdent enfin aux classes moyennes et au mode de vie occidental ?
- comment faire pour les personnes les moins fortunées qui ont un besoin minimal de voir leurs proches ?
C'est bien pour cela que c'est au consommateur, de manière individuelle, de s'interroger. On ne peut pas imposer la taxation carbone à un voyageur qui ne peut voir sa famille qu'une fois par an faute de ressources financières par exemple ; ça a été l'erreur du Gouvernement français avec les gilets jaunes.
OUI, c’est LA question vertigineuse à laquelle nous n’avons donc aucune réponse sauf le progrès technologique qui peut empêcher la privation de libertés et permettre la jouissance de ses droits fondamentaux, enfin je crois.
Clm a écrit : ↑sam. 26 déc. 2020, 02:05
Mais au moins, évitons les business models dont la rentabilité repose en grande partie sur de la surconsommation. Je suppose qu'Easyjet ou Ryanair pourraient probablement réduire d'un gros tiers leurs vols si les consommateurs réfléchissaient à deux fois à certains déplacements.
Le modèle low cost dans le transport aérien, tel qu'il est appliqué majoritairement, favorise grandement les vols soleil et skis et le court-séjour. Ce modèle pose un sérieux problème écologique. Je ne cautionne pas la base de Transavia à Montpellier qui est totalement centrée là-dessus, comme je ne cautionne pas les stratégies de réseaux d'Easyjet ou Ryanair quant elle versent dans la facilité à appâter le consommateur à dépenser sans trop réfléchir.
Ce qui est drôle, c'est que ce même consommateur n'hésitera pas à dénoncer la surconsommation futile quand il s'agira d'alimentation par exemple...
La voiture favorise aussi le ski, surtout dans la vallée de la Maurienne... Le train en gare de Lyon aux vacances de février, il faut voir sa tête.. ou encore la tronche du péage de Lançon de Provence en juillet et août... La tête des ferry corses, etc etc. Les empreintes de ces transports sont tout aussi nocifs pour l’instant, mais je veux croire en de nécessaires efforts dans leur production sans les limiter, comme pour l’avion.
La surconsommation alimentaire touche à l’éthique voir la philosophie pour ce qui est de la production animale, nous sommes dans des considérations un peu différentes, mais oui, il y a une question centrale sur la démographie mondiale, et l’accès aux ressources.
Bref, le modèle de CRL a déjà évolué et continuera à le faire, ça se nivèlera (augmentation légère de la contribution de ses clients compagnies, optimisation/développement de l’extra aéro, baisse de la contribution publique).
Au sujet de l’extra aéro, qu’y a t il de choquant en voyant des terminaux centres commerciaux ? c’est d’ailleurs plus souvent l’apanage de gros aéroports, moins d’aéroports secondaires des zones principales comme les aeroports low-cost. On peut penser au nouvel aéroport d’IST, de Dubaï, etc, mais déjà bcp moins de CRL... Mais je leur souhaite de le développer, les passagers n’ont pas l’air si frustrés d’avoir ces espaces d’attente qui ne servaient à rien, pour du shopping.
Demain, avant mon retour en France, je serai content de consommer dans l’aéroport étranger en attendant le départ de mon vol retour, avec la ferme intention de revenir dès que je pourrai, mais pas à 700€ le ticket ! vive le low-cost, facilitateur d’échanges, créateur de valeur, catalyseur de vie.