Lacroix a écrit : ↑mer. 18 juin 2025, 22:54
Est-ce quelqu'un peux obtenir l'interview du président du directoire de l'aéroport sur le journal de La Tribune svp ? merci
Je ne sais pas si c’est celui-ci que vous voulez.
Aérien : décarbonation, extension, nouvelles lignes, ces projets qui définissent l'ambition de Marseille Provence
Deuxième aéroport régional français, l’Aéroport Marseille Provence continue de se développer avec, comme trajectoire, une « croissance raisonnée ». Décarbonation, satisfaction client, rénovation des terminaux, nouvelles lignes : décryptage avec Julien Coffinier, président du directoire de l’aéroport AMP.
« Nous n'allons pas nous enorgueillir d'un volume de trafic qui augmente, nous voulons un trafic de qualité », martèle Julien Coffinier, président du directoire de l'aéroport Marseille Provence depuis octobre dernier. A la tête des deux terminaux qui accueillent, chaque année, 11,2 millions de passagers, Julien Coffinier ne cache pas ses ambitions pour le deuxième aéroport régional en trafic passagers et premier régional en fret - 65 000 tonnes annuels -, qu'il assure être entré « depuis deux ans, dans la cour des grands européens et mondiaux. Nous nous comparons à toutes les grandes villes européennes non capitales ».
Pour maintenir son rang, Marseille Provence peaufine sa stratégie. Sur son offre avec 132 destinations et 38 pays desservis par 35 compagnies. Cinq nouvelles lignes ont été ajoutées pour l'été 2025 : Salerne en Italie, Funchal au Portugal, Amman en Jordanie, ainsi que Hurghada et Le Caire en Égypte, et de nouvelles le seront pour cet hiver - Praia au Cap Vert, Médine en Arabie Saoudite, Dakhla au Maroc.
« Privilégier les vols long-courriers »
Mais à côté, l'objectif est « de privilégier les vols long-courriers », ceux qui sont une garantie, sinon une probabilité « qu'il y ait plus d'import que d'export afin que les visiteurs dépensent sur le territoire régional ». En toile de fond, la consolidation de « la route vers la Chine, cette incroyable vitrine pour le territoire », qui, depuis son ouverture il y a un an, a transporté 35 000 passagers pour un taux de remplissage des avions de 80%. L'Afrique est également une zone géographique largement priorisée. Si Marseille est déjà « bien connectée à l'Afrique du Nord », d'autres destinations sont envisagées, à l'instar de la Côte d'Ivoire qui pourrait bénéficier « d'une ligne directe dans les cinq prochaines années ».
Du côté des départements et régions d'Outre-mer, Marseille Provence n'est reliée directement qu'à La Réunion. Un manque de liaisons directes vers les Antilles regrettable alors que l'aéroport dispose « d'un volume de passagers qui justifie des lignes directes : 40 000 passagers vers la Guadeloupe, 30 000 vers la Martinique ». Pour le Golf et le Moyen Orient, les contraintes réglementaires - Emirates ne bénéficiant plus de droits de trafic par la direction générale de l'aviation civile pour faire des liaisons entre Dubaï et la France - et le manque d'avion en circulation par rapport à la demande freine l'avancée de lignes en provenance de Marseille. Un nouveau tracé direct dont pourrait également bénéficier les Etats-Unis, destination prisée par près de 250 000 passagers, obligés de passer par un hub européen tel Paris, Londres, Genève ou Francfort.
Moteur économique du territoire
Mais outre son activité aéronautique, Marseille Provence compte sur une autre carte de son jeu. Sur les 196,9 millions d'euros de chiffre d'affaires de l'année 2024 - en hausse de 6,4% -, la moitié provenant des activités extra-aéronautiques : les commerces et parkings. « Cette activité permet de créer de la valeur plus rapidement que le pur aéronautique », décrypte Julien Coffinier, « des dividendes pour nos actionnaires publics qui peuvent ensuite être réintroduits et bénéficier à la communauté ». Des activités commerciales qui permettent également de « dé-risquer » le modèle économique de l'établissement, une nouvelle façon de penser, conséquence directe de crises économiques comme liée à la pandémie de Covid. Mais c'est avant tout pour « créer une expérience nouvelle pour les passagers » que Julien Coffinier tient à ces activités annexes à l'aéronautique, lui qui nourrit l'espoir que « dans cinq ans, des non-voyageurs viennent à l'aéroport par plaisir, pour une exposition, un restaurant, une balade dans un espace végétalisé ou dans les salins ». Car la plateforme aéroportuaire, à flanc de la colline qui loge Vitrolles, bénéficie d'un environnement « assez différenciant des autres aéroports », estime son président.
Optimiser l'expérience voyageur
Repenser l'aéroport et, ainsi, repenser l'expérience client. Lancée par la rénovation l'année dernière du terminal 1, baptisé « Cœur d'aéroport », la feuille de route des prochaines années suit le même objectif : « la satisfaction des passagers comme priorité ». Participant à l'enquête comparative ASQ (Airport service quality) de quelque 380 aéroports, Marseille Provence vise la note de 4/5 d'ici 2030, et s'en rapproche avec une note de 3,99 en mai. Pour faciliter le processus passager, l'éaroport a choisi d'innover, depuis un mois, dans un une nouvelle technologie de biométrie, en adéquation avec la CNIL : la technologie au porteur. Le papier d'identité du passager n'est contrôlé que sur son smartphone durant tout le circuit et ses données ne sont, ainsi, jamais en contact direct avec l'aéroport. Si l'expérimentation ne concerne que deux compagnies pour le moment - Air Corsica et Air France - et le territoire français, sa généralisation à l'échelle européenne sur l'espace Schengen est en développement.
A quelques pas, le terminal 2 voit l'écart se creuser avec le bond de qualité de services du T1. « D'ici la fin de l'année, un projet de rénovation et de modernisation du T2 sera lancé », assure Julien Coffinier, qui accueillera toujours des compagnies low-cost - « notre territoire pauvre en a besoin » - et des concepts davantage « lifestyle, qui conviendrait à un type de passager plutôt jeune ».
Objectif Net Zéro
Mais ces diverses évolutions ne peuvent se concrétiser sans atteindre les objectifs environnementaux qu'AMP s'est fixé : « D'ici 2030, nous réduirons nos émissions de gaz à effet de serre de 90%. Nous voulons atteindre le Net Zero, un stade de décarbonation qui veut dire que nous serons à 600 tonnes de CO2 non réductibles davantage, contre 7 000 tonnes en 2013 ». Pour atteindre son objectif, Marseille-Provence développe plusieurs outils : « l'électrification de l'usage de l'avion, c'est-à-dire la non-utilisation des moteurs de l'avion dès qu'il est à terre, l'électrification des véhicules sur la piste, l'utilisation de carburants durables à base de biomasse ou d'hydrogène qui réduisent jusqu'à 85% des émissions », deux accords ayant été signés avec Total et H4 Marseille Fos dans ce sens.
En parallèle de la réduction des émissions directes, d'autres stratégies sont mises en œuvre autour des pistes : le photovoltaïque qui permet une autoconsommation de 20% et la création d'une liaison par câble entre Marseille-Provence, Airbus et la gare de Vitrolles pour décarboner l'accès des voyageurs et des quelque 20 000 employés du bassin.
Mais la décarbonation du secteur se heurte, selon Julien Coffinier, à la hausse des taxes du transport aérien par l'Etat. Des augmentations annuelles qui vont « tuer petit à petit les petits aéroports, puis affaiblir les grands », et qui engendra « moins de connectivité et l'enclavement des territoires ». Et d'alerter : « si la chaîne de valeur de l'aéroport est taxée, l'aéroport ne pourra plus jouer son rôle de moteur économique et outil d'aménagement du territoire ».