La ligne Agen Paris en zone de turbulence.
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Pourquoi la ligne Agen-Paris est entrée dans une zone de turbulence
A La Une Lot-Et-Garonne Agen
Publié le 23/12/2019 à 11h44. Mis à jour à 19h03 par Bastien Souperbie.
Chalair a envoyé une lettre de résiliation. Au Syndicat mixte pour un aérodrome départemental, on se dit « serein ».
Les avions ATR 42 de Chalair, compagnie normande qui a repris la ligne Agen-Paris en début d’année fouleront-ils encore le tarmac de l’aéroport La Garenne l’été prochain ?
La question reste en suspens. Si le Smad (syndicat mixte pour un aérodrome départemental) assure qu’à ce jour, on ne peut pas parler de rupture du contrat, une lettre de résiliation de la DSP (délégation de service public) a été envoyée par la compagnie qui active là une option qui avait été convenue et octroyée aux deux parties (exploitant et SMAD) au moment de la signature, il y a tout juste un an, du contrat d’une durée de 4 ans, à savoir la possibilité de rompre celui-ci si les conditions d’exploitation n’étaient pas réunies. Vendredi, les employés de l’aéroport ont été avisés de la fin de l’exploitation en juin prochain, ce qui correspond au délai que doit observer Chalair avant la fin de l’exploitation.
Assisterait-on à une partie de bras de fer, ou c’est selon, à une partie de poker menteur ? Olivier Grima, président du Smad, se dit quant à lui « serein ».
Phase de négociation
« Mon objectif est de faire en sorte que Chalair poursuive son exploitation dans le cadre de la DSP » indique-t-il, confirmant toutefois la réception de la lettre de résiliation. Point de départ, selon lui, d’une phase de négociation. « Nous avons ouvert un dialogue » Après un bon départ, et une régularité retrouvée, annulations et retards des avions de Chalair « pour des raisons techniques » auraient passablement détérioré le service et la réputation de la ligne qui n’avait pas besoin de cela après la dernière année d’exploitation de Hop. Le Smad et l’Agglo d’Agen qui met beaucoup d’argent sur la ligne auraient ainsi tapé du poing sur la table.
« Visant les 25 000 passagers, elle devrait atteindre les 15 000 au bout d’une année d’exploitation »
Les choses, depuis, se seraient améliorées. Néanmoins, Chalair serait loin des objectifs affichés en début d’année. Visant les 25 000 passagers, elle devrait atteindre les 15 000 au bout d’une année d’exploitation. Le delta est conséquent. Joint par nos soins, Alain Battisti, PDG de Chalair s’est montré laconique sur le sujet : « Nous avons entrepris une discussion notamment avec l’Etat sur l’avenir de la ligne. Les résultats économiques sont en retrait par rapport aux prévisions ».
Les conditions de la reprise de la ligne par la compagnie d’Alain Battisti le PDG de Chalair avaient été difficiles, le précédent exploitant, la compagnie Hop, filiale d’Air France, ayant passablement dégradé la confiance des usagers dans la liaison.
La ligne avait été d’ailleurs un temps menacée de disparaître en raison des difficultés à boucler le tour de table des financeurs publics suite au recul du Département et au peu d’empressement de la Région de mettre au pot. Le classement de la liaison aérienne en ligne d’aménagement du territoire avait permis de régler le problème et d’engager l’Etat sur le financement dont le principal pourvoyeur est désormais l’agglo d’Agen. Mais les subsides apportés sont-ils en mesure de compenser le déficit d’exploitation pressenti ? Probablement que non. Sans équilibre, point de survie. Mais celle-ci passe fatalement par un engagement plus fort des pouvoirs publics. Le pourront-ils ?
Un coup terrible
Autre question : les concurrences de la LGV et de la navette Air France depuis Blagnac vers Orly notamment ont-elles été bien trop intenses pour l’ATR 42 de Chalair, essentiellement emprunté par une clientèle d’affaires ?
Pour l’agglo d’Agen, son président Jean Dionis, la CCI et de très nombreux chefs d’entreprises, il n’est pas question d’arrêter cette ligne car ce serait un coup terrible porté à l’attractivité du territoire.
Mais à l’évidence et malgré une volonté de s’implanter durablement (ouverture de vols estivaux vers Nice, partenariat avec le SUA) Chalair, spécialiste des lignes interrégionales (au départ notamment de Bordeaux, Montpellier, Nantes, Caen, Brest, Limoges, Lyon et Paris) qui vient de s’implanter à Quimper et à La Rochelle traverse une zone de fortes turbulences dans le ciel agenais. Jusqu’à quand ? Et pour quel atterrissage ?