Sebo a écrit : ↑lun. 15 août 2022, 16:02
Je ne suis pas d'accord. ETZ était une bonne idée. Ca n'aurait eu aucun sens de garder un aéroport à Nancy et un autre à Metz. 30 minutes depuis le centre de Metz pour rejoindre son aéroport ça n'est pas mortel et c'est la norme pour beaucoup de villes. 40 min depuis le centre de Nancy non plus, surtout qu'il n'y a pas d'alternative.
Le problème, comme quasiment partout en France, c'est que le développement n'aurait pu passer (ne peut passer) que par des compagnies à bas coûts (et étrangères). La zone de chalandise de ETZ n'est pas énorme mais pas insignifiante non plus. Si ETZ est dans cet état, c'est un problème d'offre. Si les pouvoirs publics français qui pilotent ETZ avaient été plus éclairés et moins endormis, ils auraient poussé pour le développement de lignes à bas coûts vers le sud de la France, la Corse et le bassin méditerranéen. Comme ça n'a pas été le cas, et que dans le même temps les Luxembourgeois ont fini par s'ouvrir à easyJet, Ryanair et Volotea (ce qui a poussé Luxair a se bouger elle aussi), l'offre a explosé à LUX et a attiré un nombre sûrement non négligeable de passagers ayant pour origine ou destination la France. Les fautifs ce sont les Français, pas la fatalité.
C'est un peu la même chose entre SXB et BSL. BSL a bouffé SXB sur son marché naturel (le trafic domestique français) grâce aux lignes à bas coûts d'easyJet. Et c'est bien la faute des autorités françaises, ça n'est pas non plus dû à la fatalité.
30 min de temps d'accès terrestre depuis Paris ou Lyon ce n'est pas grand chose oui
, particulièrement avec la forte densité et disponibilité des réseaux de transport en commun dans des agglomérations de cette taille. Depuis une ville plus petite, 30 min de temps d'accès terrestre signifiera une utilisation bien plus importante de la voiture particulière pour une simple question de densité de population. À 10-15 min et moins de 10 km du centre-ville, un aéroport de ville moyenne peut encore être intégré dans le réseau de transport en commun de la ville. Le taxi ne vous coûtera pas une fortune et sera forcément plus disponible car les retours se feront moins à vide...
Cela devient un avantage compétitif. Vous pouvez laisser votre voiture à la maison et éventuellement permettre aussi à d'autres membres de votre famille l'utiliser en votre absence... Et accessoirement, vous ne payez pas des fortunes pour stocker votre voiture à ne rien faire dans un parc longue durée. Vous trouverez plus de monde pour vous déposer et venir vous chercher, car peu ou pas de détour... etc. Bref, cela vous simplifie considérablement la vie !
Si vous mettez votre aéroport de ville moyenne au milieu de nulle-part comme Metz-Nancy-Lorraine, vous vous assurez qu'une grande partie des voyageurs n'auront pas d'autre choix que de prendre leur voiture particulière. Une fois que l'on a mis ses fesses dans sa bagnole, faire 20-30-40 min ou plus de temps de trajet pour aller à un autre aéroport plus grand ne devient plus un problème pour le client (pour la planète oui en revanche..). Votre aéroport local sera donc encore plus exposé à la concurrence des plateformes voisines, n'ayant plus l'avantage de la proximité sur lequel jouer.
Mettons-nous dans la peau du vacancier moyen, qui veut aller à la mer l'été. LUX lui offre 5-6-7 pays différents et peut-être 10-15 destinations balnéaires différentes. Admettons que ETZ arrive à offrir (au mieux) la Corse et/ou Nice avec Air France (Hop), Air Corsica, Amelia ou Volotea sans dépenser des fortunes inconsidérées en support marketing (10€ max par passager départ par exemple).
Depuis Metz, pour 20 min de voiture en plus on a un catalogue large et des prix probablement plus compétitifs des destinations. Alors pourquoi s'embêter à aller à ETZ ?
Avec son positionnement actuel, le seul moyen pour ETZ de développer son trafic serait de claquer des fortunes en support marketing, comme Dôle, Vatry ou autre le font, à défaut d'être pratiques à rejoindre. Pour ces aéroports, on parle facilement de 25-30-40€ par passager départ, pour que le prix du billet devienne suffisamment compétitif face aux grands aéroports voisins. De toute manière on est plus à 20 min d'essence près et on paiera le parking longue durée dans les deux cas... Seul le prix du billet d'avion deviendra le juge de paix.
Et pour les PMR et les personnes ne disposant pas de voiture particulière, le périple sera tout aussi compliqué ou ce sera le renoncement pur et simple au voyage si l'on n'a personne pour venir nous déposer/chercher ou qu'il faut prendre deux bus et un train pour simplement rejoindre le grand aéroport voisin...