vincent44 a écrit : ↑mar. 5 oct. 2021, 00:06
Clm a écrit : ↑lun. 4 oct. 2021, 22:49
Puis les retraités, les étudiants, on les assigne à résidence s'ils ne peuvent pas conduire et puis les étudiants vont bien se taper des heures de bus hein ; ça forme la jeunesse !
C'est quand même osé les étudiants.
Dans le monde pré Low Cost, ils ne voyagaient pas, sauf les fils de riches.
C'était bien trop cher de prendre l'avion pour un étudiant.
Aujourd'hui, même si l'aéroport est à 1h30 et qu'ils n'ont pas le permis, ils trouvent une solution, t'inquiète pas pour eux: train, bus, covoiturage, un amis ou une personne de la famille qui fait le trajet...
Clm a écrit : ↑lun. 4 oct. 2021, 22:49
Une offre aérienne un peu plus locale, un peu moins sous-tarifée, un peu plus régulée et financée publiquement là où le marché fera systématiquement défaut serait appréciable. Dans la jungle actuelle notre secteur dérive vers quelque chose que je ne souhaite pas où Ryanair et Wizzair seront les leaders... Si ça continue sur cette pente, je serai le premier à préférer prendre le train, quitte à perdre du temps.
Tu souhaites des petites lignes qui, tu le sais très bien, ne sont pas rentables pour une compagnie privée.
Tu souhaites donc plus d'OSP/DSP.
Concretement, tu souhaiterais quelle lignes, en plus de celles existantes?
Pour rebondir sur nos sujets et les enjeux qui dépassent le seul secteur de l'aviation (la chute de connectivité interurbaine depuis les territoires intermédiaires est un petit bout de ce qui se passe dans notre économie), l'interview de Jérôme Fourquet de ce matin sur Inter illustre bien le virage que notre économie a pris, vers le consumérisme et le tout loisirs :
https://www.franceinter.fr/emissions/l- ... tobre-2021.
Le transport aérien n'a fait qu'accompagner cette tendance, nos opérateurs n'ayant pas de mission de service public et c'est bien compréhensible pour éviter la faillite !
Dans les conditions actuelles du marché, aux prix moyens que les consommateurs veulent payer, la configuration actuelle du réseau et de l'offre est logique. Faibles prix, faibles fréquences, concentration du trafic sur des "gros" modules (cela reste des 320/737 tout de même) et grandes aires de chalandise pour remplir les "gros" modules. Malheureusement, dans cette offre contraignante dans le temps et l'espace tous les consommateurs ne peuvent être servis, malgré des prix faibles !
Cela signifie que le marché est défaillant pour offrir de la fréquence et de la proximité, notamment parce que le coût au siège des petits modules est prohibitif. Il existe tout un pan du transport aérien qui est structurellement déficitaire. Le transport aérien régional, en dehors de niches très spécifiques, n'est pas rentable.
J'ai souvent entendu auprès de mes clients que les entreprises n'avaient qu'à se tourner vers l'aviation d'affaires. Je connais hélas peu d'entreprises enclines à débourser 1000€ par collaborateur pour un déplacement professionnel et l'aviation d'affaires exclut de fait les particuliers. C'est une fausse bonne idée donc.
Il faut donc accepter de faire des kilomètres pour trouver un grand aéroport avec plus d'offre. Comme sxbrf l'écrit la majorité des voyageurs acceptent de faire ces kilomètres, particulièrement si le prix est faible ; c'est un fait.
Mais il y aura toujours des consommateurs pour qui ce sera un problème. Une PME qui veut s'internationaliser et voyagera beaucoup aura probablement tendance à éviter Strasbourg comme localisation s'il faut se taper 120 min jusqu'à Francfort, 90 min jusqu'à BSL/MLH ou faire 2h de TGV pour se retaper derrière 90 min d'attente à CDG. De même une personne âgée renoncera à voir ses proches plus souvent, s'il lui faut trouver des solutions pré-acheminement routières fatigantes sur plus de 90 min de trajet.
Quand le marché est défaillant c'est à l'État providence d'intervenir. Le régime actuel des OSP est indigent pour répondre aux enjeux. Le transport interurbain à longue distance, considéré comme peu fréquent a été exclu du soutien public. Les politiques publiques de connectivité en transport pour les territoires doivent être repensées ; on peut imaginer une sorte de TER pour l'avion, ou encore réfléchir à des modèles de compagnies hybrides mixant les capitaux privés publics et la participation citoyennes, faire des DSP pour un monopole sur un territoire donné (concurrence pour le marché), etc.
Après 25-30 ans de métropolisation de l'économie et d'émergence de protestations dans les territoires intermédiaires, je pense qu'il est temps d'encadrer un peu plus le marché pour arrêter de laisser tomber ces territoires. Le transport aérien représente 5% du problème, j'en ai conscience, mais il est vital pour certains relais économiques pour maintenir un vitalité des territoires et notamment garder sur place les entreprises et les résidents.
Si on dessert la focale en Europe, la Scandinavie ou l'Allemagne ont déjà compris le problème. On verra si la France met encore et toujours dix ans de plus à réagir.