Mica76 a écrit : ↑jeu. 20 janv. 2022, 12:10
Ca n'est pas toujours un problème de département. A Poitiers au contraire c'est le département qui permet de boucler le financement alors que la ville ne le souhaite pas.
De toute façon il ne faut pas se leurrer, il est impossible dans un contexte de paupérisation des collectivités de laisser la charge de ce type de service qui coute trop cher. Il va falloir payer le quoi qu'il en coute à un moment où un autre.
L'isolement des lignes déficitaires, en avion, en train, etc, en dehors d'un réseau cohérent national permettant une péréquation avec des lignes rentables, rend de toute façon le coût insupportable. Ce d'autant que les opérateurs délégataires ont tout intérêt à "dramatiser" le déséquilibre financier puisque le premier client n'est pas le passager mais le délégataire à qui il faut soutirer le maximum.
Au final, je pense que la collectivité nationale paye plus cher et que la desserte globale soit moins bonne.
L'idée de laisser la charge de leur desserte déficitaire aux seules collectivités locales n'est d'ailleurs pas beaucoup plus équitable que de laisser la charge aux seuls utilisateurs effectifs. C'est d'ailleurs souvent la conclusion à laquelle on aboutit ce qui conduit à fermer la ligne dans la mesure où trop peu sont capables de payer le "vrai" prix du billet. C'est d'ailleurs la double peine car les collectivités les plus mal desservies sont aussi souvent les moins riches.
Les régions donnent 3 milliards d'Euros par an à la SNCF pour les TER (chiffre de 2018). Rien que la région Auvergne-Rhône-Alpes, c'est 516M€, la région Grand-Est 457M€, la région Hauts-de-France 440M€...
On parle ici d'une OSP à 2-3M€ dont le coût est partagé entre plusieurs collectivités. C'est surtout une question de choix et plus généralement de mise à l'agenda politique des collectivités locales de la question du transport aérien.
Dans la période actuelle de bashing sans distinction du secteur, le courage politique est encore plus difficile à obtenir pour oser donner de l'argent à un secteur qui est devenu le bouc-émissaire du changement climatique. Un TER diesel rempli à 5 ou 10%, comme souvent, pollue pourtant bien plus. Mais la SNCF bénéficie d'un énorme capital sympathie...
Le transport aérien est plutôt absent des collectivités pour plein de raisons diverses :
- La DGAC, administration totalement séparée du reste de l'État avec ses corps propres de fonctionnaires et son budget annexe, a jalousement gardé la compétence et la connaissance du secteur pendant des décennies, maintenant les autres pans de l'État dans une certaine ignorance.
- Les collectivités locales n'ont hérité des aéroports qu'à partir de 2004, sans transfert de budget et souvent en se faisant un peu forcer la main par l'État (central).
- La SNCF a de très puissants réseaux nationaux et régionaux pour défendre ses intérêts ; parlementaires, élus locaux, etc.
- Au sein des collectivités locales, le recrutement de profils compétents sur les questions de transport aérien est très récent et s'est fait au compte-goutte. Les régions sont les moins mal dotées. Au sein des intercommunalités qui ont la charge d'un ou plusieurs aéroports c'est encore très limité.
Au bout du compte, en majorité, les collectivités locales sont assez peu conscientes de l'intérêt du transport aérien pour contribuer à leur développement économique et leur accessibilité. Le moindre euro dépensé est donc vu comme un problème...