Nouvelle destination au départ de l’aéroport de Vatry et nouveau plan de développement
Nouveau directeur, arrivée au conseil d’administration du Département de l’Aube et d’un observateur de Troyes Champagne métropole, vols vers Marseille : l’aéroport marnais cherche un nouveau souffle.
«Développer le fret, fixer les passagers. » Christian Bruyen, président (LR) du Département de la Marne et du conseil d’administration de l’aéroport de Vatry, résume la mission confiée à Christophe Parois, le nouveau directeur général de la plate-forme. C’est que, depuis mai 2000 et le démarrage de son exploitation, l’aéroport a décollé à deux reprises. En 2008, plus de 40 000 tonnes de fret y ont transité, en en faisant alors le troisième aéroport français en la matière. En 2016, près de 135 000 passagers furent comptabilisés. Depuis, c’est morne plaine pour le fret et des dents de scie pour les passagers, pas toujours en relation avec les aides publiques accordées…
Pour les 20 ans de son exploitation, le Département de la Marne, exploitant direct de la structure depuis juillet 2016, s’offre un nouveau pilote, le cinquième en une décennie. Celui du véritable envol ? Un mois après son arrivée, Christophe Parois a brossé les contours de son plan de bataille.
1. Passagers : Madrid, Marrakech, Porto et… Marseille
Pour le grand public, les lignes offertes pour voyager tiennent lieu de baromètre de la réussite de l’aéroport. Dans les faits, pas vraiment… Néanmoins, l’offre de Ryanair perdure : deux vols hebdomadaires avec Porto, un avec Marrakech et un avec Fès jusqu’à fin mars. Le programme estival (avril à octobre) doit maintenir Porto et Marrakech. En revanche, l’aéroport de Vatry a lancé un appel d’offres pour lancer deux rotations par semaine avec Marseille à partir de novembre 2020. « Ryanair est intéressé », précise Christophe Parois.
L’autre compagnie régulière, Iberia, a réalisé plus de 75 % de remplissage depuis avril et le début de l’exploitation de la ligne avec Madrid qui permet ensuite de rejoindre 130 destinations dans le monde. Problème, l’équilibre financier n’est pas encore au rendez-vous. « Or, à partir de 2024, les aéroports de l’UE ne pourront plus subventionner les compagnies aériennes », souligne Christophe Parois. « La compagnie souhaite poursuivre, renchérit Christian Bruyen. Mais nous ne savons pas encore à combien va s’élever notre contribution pour 2019. Nous pouvons faire des efforts si nous avons la conviction que cela peut s’équilibrer. Tout est ouvert… »
2. Trois avions basés
Dans les jours qui viennent, le tarmac va accueillir à demeure trois avions SAAB 340 de la compagnie polonaise Sprint Air. Deux pour les passagers (33 sièges), un uniquement pour le fret. « Ils stationneront ici et plus à Liège entre deux vols », commente Christian Bruyen. « L’idée est d’utiliser cette capacité pour effectuer des vols au départ et à l’arrivée à Vatry », renchérit Christophe Parois. Et le nouveau DG d’émettre la possibilité de relancer des rotations avec Nice, comme cela était proposé entre 2012 et 2017.
3. Un plan de développement du fret
Voilà le gros chantier de Christophe Parois. Lors du premier CA de Vatry depuis son arrivée, le 13 décembre, il a présenté aux administrateurs son plan de développement. « Il manque à Vatry des connexions avec tous les acteurs de l’industrie du cargo, la supply chain logistique : chargeurs, transitaires, brokers (courtier chargé de trouver des solutions de transport de passagers et de fret pour ses clients, NDLR, intégrateurs et acteurs du e-commerce. »
De plus, dans l’industrie du fret aérien, « beaucoup se fait d’abord en camions en France avant de prendre l’avion. Là encore, Vatry n’est pas dans ce réseau », relève le DG. Quant au hangar de maintenance aéroportuaire en construction (livré fin 2020), « il va constituer un des éléments de l’offre globale que nous devons proposer. Comme la liaison ferroviaire avec nos entrepôts… Tous ces chantiers sont à initier tout de suite », prévient Christophe Parois. Un l’est déjà, celui du marché des achats par internet. « Nous sommes en négociations avec des acteurs franco-chinois du e-commerce, une compagnie aérienne émergente et un aéroport chinois. »
Autre projet du nouveau pilote de Vatry, celui de créer un port sec sur la plate-forme. « Le port de Barcelone en a un à Toulouse. L’idée est de faire positionner des containers à Vatry, d’y réaliser des opérations de groupage, de calage de marchandises pour l’export, et de transporter ces containers par la route jusqu’aux ports français et européens. Nous avons l’espace pour cela », glisse Christophe Parois.
4. Troyes Champagne Métropole et le Département de l’Aube au conseil d’administration
Une ligne d’arrivée semble fixée dans deux ans. C’est la durée du soutien de la Région Grand Est, l’autre gros financeur public (un million d’euros par an) de Vatry.
Après ? Jean Rottner, l’actuel président (LR) de la Région, ne peut s’engager plus loin, son assemblée étant renouvelée au printemps 2021. Et puis, le Grand Est a lancé une étude sur ses trois aéroports régionaux (Strasbourg, Metz-Nancy en plus de Vatry) pour définir une politique aéroportuaire entre ces différentes structures. Néanmoins, un nouveau niveau du consensus semble atteint. Depuis la semaine dernière, trois nouvelles collectivités siègent sans pouvoir de vote au CA de Vatry : le Grand Reims, Troyes Champagne Métropole et le Département de l’Aube. « Un signal fort », pour Jean Rottner. « Je ne vends pas du rêve, mais adhérez à mon optimisme », formule Christian Bruyen comme un vœu.
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