Sebo a écrit : ↑sam. 6 juin 2020, 17:26
Clm a écrit : ↑sam. 6 juin 2020, 16:28Non non, d'autres compagnies aériennes prendraient le relais en fait.
Ah bah non ! Clairement non ! Il y a des centaines de liaisons qui ne seraient pas reprises par les compagnies de réseau (et donc disparaîtraient) si les compagnies à bas-coûts n'existaient plus. La vocation et le modèle d'Air France, Lufthansa, KLM, Iberia ou SAS ce n'est pas de desservir Bergerac, Calvi ou Minorque depuis des marchés touristiques émetteurs du nord de l'Europe (premier exemple). Les compagnies à bas-coûts ont permis de lancer des centaines de liaisons qui n'existaient pas précédemment (parce qu'elles n'intéressaient pas les compagnies traditionnelles et ne les intéressent pas plus aujourd'hui).
Est-ce que tu t'imagines sérieusement que si Ryanair faisait faillite, Air France reprendrait la cinquantaine de destinations opérées depuis MRS (deuxième exemple) ?!! Evidemment que non. Bonjour le retour en arrière économique et social pour le territoire marseillais !
On ne se comprend pas et tu mélanges deux notions différentes :
- le modèle d'affaires (ULCC ou non)
- et les opérateurs (dont on se moque au fond).
Si Ryanair faisait faillite, d'autres entreprises occuperaient les marchés intéressants. Flybe a fait faillite, d'autres opérateurs ont commencé à reprendre des lignes.
On peut très bien se passer des ULCC dans leur forme actuelle. Il n'y a aucune obligation à tolérer qu'une compagnie pratique le chantage sur ses aéroports en leurs envoyant un courrier absolument odieux ou encore ses propres collaborateurs de manière aussi minable. D'ailleurs, rien n'oblige une ULCC à se comporter de la sorte.
Donc si Ryanair disparaissait je serais personnellement très heureux que des entreprises plus respectables prennent la place.
Beaucoup n'osent rien dire sur ce forum parce que Ryanair est la seule compagnie qui accepte encore de les servir. Sauf qu'elle est en partie responsable d'avoir supprimé la concurrence en engageant une guerre des prix totalement mortifère.
Elle s'est rendue indispensable en pratiquant une concurrence déloyale pour mieux tuer ses concurrents. Si elle se comporte comme ça avec ses concurrents, il ne faut pas s'étonner qu'elle en fasse de même avec ses "partenaires", ses clients et ses collaborateurs.
Mon prof de stratégie en école de commerce m'avait expliqué qu'une politique systématique de baisse des coûts n'est pas une stratégie d'entreprise, parce que ça ne crée par de valeur in fine. Si le prix d'un bien ou service baisse en permanence, il ne reste plus grand chose à la fin.
Le modèle de low-cost est improprement nommé. Ce qui était véritablement innovant dans ce modèle, c'était une meilleur gestion opérationnelle. On aurait pu appeler ça optimised airline ou autre. Augmenter la productivité, optimiser les rotations, etc., permet de libérer des ressources pour faire plus d'activité. C'est l'amélioration de la productivité et une gestion 'no frills' qui se concentrait sur le service essentiel (transporter des gens d'un point A à un point B). Rien de tout cela n'imposait l'ubérisation, le chantage aux subventions et le sous-paiement ; ça n'a rien à voir avec le modèle low-cost.
Baisser les prix, permet d'élargir de manière massive un marché, mais le prix ne peut pas baisser ad vitam eternam. A un moment, quand on a tiré partout, baisser davantage les prix demande d'utiliser des méthodes destructrices comme sous-payer ses collaborateurs, sous-tirer des subventions, etc.
C'est exactement ce qu'ont fait Ryanair et Wizzair pour se placer artificiellement en dessous du coût de revient de leurs concurrentes. La compétition est-elle encore saine dans ces conditions ?
C'est trop facile d'occuper le terrain en empêchant les autres de venir quand on se comporte de manière peu éthique. C'est un peu comme avoir des codes dans un jeu vidéo et invoquer partout que l'on est le meilleur dans la compétition.
"Alors toi, la compagnie A, tu paies bien tes salariés, tu respectes le droit du travail, tu paies tes impôts. Par contre moi la compagnie B je ne respecte rien de tout ça pour être moins chère que toi et tu ne pourras jamais rivaliser avec moi".
C'est ce type de comportement qui fout en l'air tout le secteur. Le jour où la Commission Européenne commencera à réguler les dérives des ULCC, le marché sera de nouveau sain. Jusqu'à la crise du COVID elle s'attardait surtout sur les monopoles nationaux, qu'il fallait certes briser, mais sans non plus faire le ménage dans les ULCC. Deux poids, deux mesures.
Les enquêtes en cours sur les aides accordées à Ryanair trainent depuis des années, parce que la Commission ne met pas les moyens. Et je pense qu'elle ne les met pas volontairement.
Le jour où on limitera les méthodes déloyales de concurrence de ces opérateurs, d'autres plus vertueux, mais forcément plus coûteux, pourront s'installer tranquillement ; et ce n'est pas forcément aux compagnies de réseau auxquelles je pense et encore moins à des compagnies monopolistiques un peu trop subventionnées qui sont tout aussi peu vertueuses.
Donc oui, les ULCC assèchent la compétition.