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Aéroport La Rochelle - île de Ré : une croissance qui donne des ailes
Les responsables et le personnel de l'aéroport La Rochelle - île de Ré scrutent l'horizon avec sérénité. Photo Archives Le Phare de Ré
L'aéroport La Rochelle - île de Ré, dont le transfert à Rochefort - Saint-Agnant est prévu pour 2020, pointe au deuxième rang national des croissances en termes de passagers pour l'exercice 2010. Un bon résultat qui s'explique par la création de lignes low cost, comme celles à succès à destination de Cork ou d'Oslo. Le 28 mars prochain, la ville de Porto portera le nombre de liaisons depuis le site rochelais à quatorze. La Chambre de commerce et d'industrie, gestionnaire de l'aéroport, pourrait bien supporter seule le coût de cette aventure, le Conseil général et la Communauté d'agglomération de La Rochelle ne souhaitant pas participer à son financement.
Les aéroports français ont reçu leur bulletin de notes. Dans l'ensemble, la "classe" travaille correctement avec une moyenne positive de l'ordre de 2 à 3 % de croissance du trafic. Comme partout, il y a les cancres dont nous tairons les noms. Et les bons élèves, parmi lesquels l'aéroport La Rochelle - île de Ré. Avec sa note de "+ 13,4 %", le site géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Rochelle se place sur la seconde marche du podium, derrière celui de Nantes Atlantique (+ 14,3 %). En 2010, l'aéroport La Rochelle - île de Ré a enregistré 191 500 passagers.
Londres, premier décollage
Le développement vers l'étranger au travers de compagnies low cost, entrepris en 2011 et accentué après la fermeture de la liaison à destination de Paris en 2003, porte donc ses fruits. "Nous avons débuté avec Londres, à l'époque avec la compagnie Buzz. Une belle aventure", se souvient Thomas Juin, directeur de l'aéroport. Depuis lors, les ouvertures de lignes se sont succédé, jusqu'au rythme de quatre par an comme en 2008 (Leeds, Édimbourg, Cork et Glasgow), pour arriver à un total de 13 lignes assurées par cinq compagnies (1). "C'est assez exceptionnel, soutient Thomas Juin. Non pas le fait d'ouvrir des lignes, mais d'assurer leur pérennité." Le 28 mars, une quatorzième destination sera proposée au départ de La Rochelle : Porto.
Ouvrir une ligne auprès d'une compagnie low cost peut avoir un certain coût pour la chambre consulaire, qui gère l'aéroport, et les collectivités. Ces accords commerciaux s'expliquent par les retombées économiques générées par le trafic sur les territoires concernés (30 millions d'euros pour l'ensemble des lignes en 2010), mais aussi pour palier les coûts de fonctionnement des compagnies aériennes et la mise en place de taxes liées notamment à la sûreté des passagers : environ 12 € par personne pour un aller simple. 'Ces accords avec les compagnies se négocient dur", confie Thomas Juin.
Sur les quatorze lignes, six bénéficient de contributions publiques. Essentiellement celles qui 'prennent des risques� en étant présentes l'hiver et non pas seulement les deux mois d'été, s'assurant de fait une fréquentation certaine. "Mais aussi en fonction du sérieux de la compagnie." Pour le fonctionnement de la ligne La Rochelle - Porto, Ryanair demande 168 000 €. Une somme proche de celle demandée pour l'ouverture, l'an dernier, de la ligne La Rochelle - Oslo. "Ce prix, nous l'avons obtenu après des mois de discussions. Il est largement inférieur à ce qui est accepté par d'autres aéroports", soutient le responsable. Et d'ajouter : "À ce coût (environ 10 € par personne sur la base de 17 000 passagers, ndlr), avec cette négociation, il fallait y aller."
Convaincre les collectivités
Cette somme, la CCI devra sans doute la supporter seule, après le retrait du Conseil général et de la Communauté d'agglomération de La Rochelle. D'ordinaire, ces "achats" de lignes étaient réglés, à parts égales, entre les trois partenaires. En 2010, une convention était passée pour un certain nombre de lignes (Oslo, Dublin, Londres ou Bruxelles). Robert Butel, président de la CCI, ne désespère pas de voir les élus faire chemin arrière. Point par point, il entend étayer les enjeux économiques pour le département et la région de cette porte d'accès sur le Portugal, mais aussi pour le dynamisme de l'aéroport. "Nous allons expliquer pourquoi nous y allons, en espérant un changement de configuration de leur part", déclare, en porte-parole, Thomas Juin.
Mais c'est sans doute peine perdue, à entendre le discours de Jean-Louis Frot, président de la commission des finances au Département. "Nous apportons déjà des aides très significatives sur les lignes Ryanair vers le Royaume-Uni et l'Ouest de l'Europe (190 000 € pour l'exercice 2011). Cette année, un "stop" se met en place. Si Ryanair était dans une situation financière catastrophique, cela aurait peut-être été différent. Mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas logique que le contribuable a à payer une partie des résultats de Ryanair. Il y a des prix au-delà desquels on ne peut pas aller." L'élu d'évoquer ensuite les situations de conflit entre les villes de Pau, Angoulême ou Poitiers et le géant du low cost.
Comme le rappelle le directeur de l'aéroport, ce "oui" à Ryanair a été mûrement réfléchi. "Nous n'ouvrons pas de nouvelles lignes pour faire des "coups". Cela répond à une stratégie de développement." Il poursuit : "Nous avons eu d'autres négociations, pour Düsseldorf, Ténérife et une destination en Espagne, que nous avons refusées. Tous les ans, nous disons non à des compagnies, car les montants demandés sont trop élevés."
Préparer le transfert
Annoncé pour 2020, le transfert de l'aéroport La Rochelle - île de Ré à Rochefort - Saint-Agnant, ne semble en rien freiner l'élan de compétitivité que souhaite donner au site la CCI de La Rochelle, à travers la réalisation d'importants travaux au cours de l'hiver 2011-2012 (lire par ailleurs), mais aussi l'ouverture de nouvelles lignes. "Il ne faut pas rompre ce dynamisme. C'est pourquoi nous projetons de nouvelles ouvertures pour compléter notre réseau et lui donner un sens." La Suisse, le Danemark, l'Allemagne, autant de pays vers lesquels les réflexions, et les négociations, sont orientées. Depuis deux ans, des vols charters sont proposés au départ de La Rochelle pour des vacances ensoleillées à Marrakech, en Croatie, en Crète, à Corfou ou à Alexandrie. "En mai et septembre, des vols pour Madère vont s'ajouter à la liste", se réjouit Thomas Juin.
Voté à l'unanimité par l'assemblée départementale en 2006, le déménagement du site doit s'effectuer dans les meilleures conditions possibles. La CCI l'a bien compris. Qu'en est-il des collectivités ? "Ces investissements doivent permettre la meilleure des transitions. Dans une échelle moindre, nous sommes dans le même processus que l'aéroport de Nantes, qui prépare son futur transfert à Notre-Dame-des-Landes, à 30 minutes plus au nord", termine le directeur du site rochelais. Ça plane pour les deux meilleurs aéroports nationaux !
(1) Lignes : Birmingham, Bristol, Bruxelles - Charleroi, Cork, Dublin, Édimbourg, Leeds, Londres (Gatwick et Stansted), Lyon, Manchester, Oslo, Southampton et, à compter du 28 mars, Porto.
Compagnies : Aer Lingus, Airlinair, esayJet, Flybe, Jet2, Ryanair.