C'est clair REGO, l'État en appelle à ses services administratifs et techniques pour justifier son choix : juge et partie.REGO a écrit :La DGAC est en service commandé par son ministère de tutelle.
Y-a-t-il eu une étude économique réalisée par des personnes totalement indépendantes du pouvoir politique sur la pertinence du nouvel aéroport ?
Le procédé est grossier, vieillot et très Jacobin. NDDL est depuis le début un fantasme des trois grands corps techniques de l'État, qui s'ennuient ferme dans leurs administrations, n'ont plus de projet à mener et se cherchent de nouvelles missions :
- Ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF),
- Ingénieurs des travaux publics de l'État (ITPE),
- Ingénieurs de l'aviation civile (IAC).
Ce conflit entre habitants, associations, collectivités et État, illustre le décalage complet de l'État et de ses grands corps avec les besoins des territoires. Les grands équipements, aéroports, LGV, centrales électriques, stades, etc. doivent mieux épouser le territoire et ses besoins.
C'est à l'image des LGV dont les gares sont installées en plein campagne, génèrent de l'étalement urbain et de la nappe à parkings auto, laissant le soin aux collectivités de financer la pauvre ligne de bus déficitaire qui reliera la gare TGV au centre-ville. Tout cela pour ne pas égratigner le sacro-saint dogme de la vitesse qui est un héritage d'une vision du Progrès technique sans fin.
Ce qui est génial dans cette histoire, c'est que ces mêmes grands corps se sont empressés de prôner, comme des nouveaux convertis, le développement durable. Pour NDDL, je vous rappelle les trois dogmes scientifiques et techniques qui ont été utilisés opportunément par le Ministère de l'équipement et la DGAC, au cours de l'histoire, pour justifier le projet :
- Années 60-70 Déroutement du Concorde (mythe de la vitesse et du progrès technique) ;
- Années 80-90 Troisième aéroport parisien (encore le mythe de la vitesse, de l'a-territorialisation des aéroports et du tout hub) ;
- Années 00-10 ; Fermeture de Nantes-Atlantique qui impact si durement Nantes, "Camouflage" de NDDL dans les champs. Mais au passage, restes technicisants d'un autre temps, aéroport de déroutement de l'Airbus A380.
Tout cela sent la vieille action publique centralisatrice à la papa, descendante, scientifique et technique, négligeant soigneusement des réalités territoriales bien plus complexes que des modèles mathématiques.
C'est la crise de la légitimité de l'État qui impose de manière autoritaire, au nom de ses corps techniques des projets datés.
On ne mène plus des projets d'infrastructures comme sous De Gaulle. Le problème, c'est que les directions du Ministère de l'Égalité des territoires et du logement et du Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie pratiquent encore des veilles méthodes. Un problème de générations, mais les nouvelles, sous couvert de Développement durable continuent de prôner l'action publique par les dispositifs techniques. Comme si une infrastructure pouvait réguler les problèmes sociaux. Une approche dévastatrice.
Pourquoi ?
Recrutement quasi-exclusif d'ingénieurs (plus des "administratifs" des IRA ou de l'ENA et aussi quelques Architectes-Urbanistes de l'État qui sont à 100% architectes de formation et pas urbanistes), absence de pluridisciplinarité, consanguinité intellectuelle par des formations quasi-similaires dans trois écoles seulement :
- École des ponts ParisTech,
- École nationale des travaux publics de l'État,
- École nationale l'aviation civile.
ça donne une armée d'ingénieurs tous formés au même logiciel jacobin et peu d'émulation pour remettre en question leurs propres idées. NDDL est l'exemple le plus visible, mais souvenez-vous d'autres projets locaux d'autoroutes, de LGV, etc.
Vous retrouverez les mêmes référentiels, les mêmes procédés, le même décalage. L'État doit abandonner l'idée de mener des projets d'infrastructures, le niveau pertinent est aujourd'hui celui des collectivités, dont les recrutements sont (encore pour l'instant malgré un lobbying délirant des grands corps de l'État manquant de postes dans les ministères) pluridisciplinaires.