Transavia France, un bilan contrasté après cinq ans à l'aéroport de Montpellier
Cinq ans que la compagnie Transavia France, filiale low-cost du groupe Air France-KLM, a basé un avion sur l’aéroport de Montpellier. Si elle annonce avoir franchi le cap du million de passagers, elle doit néanmoins s’adapter aux fluctuations du secteur.
Transavia France, filiale low-cost du Groupe Air France-KLM, signe en ce début d'été les cinq ans de sa base à l'aéroport de Montpellier. Un anniversaire dont Emmanuel Brehmer, le président du directoire de l'aéroport, se réjouit tant les débuts ont été difficiles : « Voici cinq années, l'ouverture de cette base intervenait au pire moment, soit au début de la pandémie. Aussi, nous sommes extrêmement reconnaissants aux dirigeants de Transavia de n'avoir jamais remis en question cette ouverture ».
Cinq ans plus tard, la compagnie n'a pourtant pas atteint ses ambitions initiales. Un seul avion est basé sur l'aéroport languedocien au lieu des deux annoncés. Car entre-temps, le groupe Air France-KLM a pris un virage stratégique de taille : faire sortir Air France de la plateforme Paris-Orly pour se recentrer sur Roissy.
Limitée jusqu'en 2019 à 40 avions, la flotte de Transavia France en compte aujourd'hui plus du double. En mars dernier, Benjamin Smith, le directeur général d'Air France-KLM, réaffirmait son ambition de monter à au moins jusqu'à 100 avions dans les prochaines années (le double de Transavia Holland), précisant qu'il lui en faut au moins 75 pour occuper l'ensemble des créneaux que laisse progressivement Air France à Orly.
« L'avion opère en W »
« Aujourd'hui, on est vraiment dans la stratégie de récupérer tous les créneaux d'Orly, confirme Alexandre Blondel, directeur du programme de Transavia France, à La Tribune. Pour absorber tous ces transferts, on doit mettre tous nos moyens sur Orly, ce qui nous amènera au moins jusqu'à la fin 2026. Ensuite, la croissance de Transavia pourra se refaire au profit des bases de province. »
Pas de deuxième avion basé à Montpellier donc. Mais le dirigeant pondère : « A Montpellier, sur certains vols de la ligne Montpellier-Paris, l'avion opère en W, c'est-à-dire qu'il fait des rotations supplémentaires - un aller-retour sur une autre destination - avant de revenir à Paris. Cela permet d'augmenter l'offre et on estime donc qu'on a l'équivalent d'un avion et demi basé à Montpellier ».
Depuis l'aéroport languedocien, la compagnie low-cost est passée de quatorze destinations sur la saison estivale 2024 (sur une ambition de 20 annoncées à l'ouverture) à treize pour la saison estivale 2025 (Alger, Oran, Bastia, Paris-Orly, Athènes, Héraklion, Rome, Marrakech, Rabat, Lisbone, Séville, Tunis, Istambul) dont onze qu'elle est seule à opérer (Alger et Oran étant également opérées par Air Algérie). La destination de Bastia revient cet été sur le tarmac montpelliérain par Transavia, à raison d'un vol par semaine. Et depuis le 27 juin jusqu'au 22 août, la compagnie aérienne Swiss du groupe Lufthansa propose une nouvelle ligne Montpellier-Zurich, à raison de quatre vols par semaine. A compter du 21 octobre, Transavia ouvrira une nouvelle ligne depuis Montpellier vers Agadir.
300 000 passagers cet été
Transavia France a annoncé, le 10 avril dernier, qu'elle visait une augmentation de capacité de l'ordre de 20 % cet été 2025 à l'échelle nationale, par rapport à 2024, et une amélioration de son taux de remplissage avec l'objectif de dépasser les 88 % atteints en 2024, se projetant sur un objectif de 16 à 17 millions de passagers dans l'année.
Sur l'aéroport de Montpellier, la compagnie annonce avoir franchi le cap du million de passagers transportés en cinq ans, et Alexandre Blondel se dit optimiste pour la saison en cours.
« Nous pensons dépasser les 300 000 passagers aller-retour sur la saison estivale 2025 à Montpellier, principalement grâce à l'amélioration du taux de remplissage de deux ou trois points, annonce-t-il. Sur les routes déjà en place, ce taux s'améliore parce qu'on connaît mieux le marché, on sait ajuster les prix de manière plus efficace. Et quand on ferme des lignes, c'est parce que le taux de remplissage était faible et elles sont remplacées par des lignes avec des taux de remplissage meilleurs. C'est le cas pour le Montpellier-Bastia où les engagements pour l'été sont déjà bons, avec des départs de juillet où le remplissage frôle les 80 %. »
Concernant la route parisienne, qui s'opère à raison de trois vols quotidiens l'été, Alexandre Blondel rappelle qu'il y a eu « près de 135 000 passagers transportés entre Montpellier et Orly pendant la saison estivale 2024 » et vise un niveau similaire cet été. Soit une fréquentation stable mais qui n'a jamais retrouvé son niveau d'avant-Covid.
Sur l'année 2024, l'aéroport de Montpellier a accueilli quelque 1,8 million de passagers et ses prévisions 2025 visent les mêmes performances. Encore loin des 2,3 millions qu'il espérait il y a deux ans atteindre en 2026.
Plus de loisirs, moins d'affaires
Le trafic depuis l'aéroport languedocien est essentiellement un trafic sortant, comme le confirme Alexandre Blondel : « Nous avons développé des routes à vocation sortantes car c'est ce qui fonctionnait le mieux sur le réseau initial. Mais aujourd'hui, on observe une tendance au rééquilibrage, notamment vers des grandes capitales européennes comme Lisbonne, Rome ou Séville, avec un trafic qui va passer la part de passagers à 10, 15 puis 20 % ».
La compagnie travaille aussi sur la conquête de passagers affaires pour compléter son modèle très loisirs et affinitaire. Un segment qui a eu tendance à baisser après la crise sanitaire, en même temps que montait le télétravail et l'attention accrue des entreprises à leur empreinte carbone. A Montpellier, ce segment n'est pas le plus important.
« Le programme établi à Montpellier permet de capter l'intégralité des flux de voyageurs et tous les motifs de voyage, assure Alexandre Blondel. Nous proposons des vols matin et soir qui permettent de faire l'aller-retour dans la journée, des vols de fin de semaine pour capter la clientèle loisirs, des vols de milieu de semaine qui conviennent aux télétravailleurs. Ce qui a changé depuis 2019, c'est la part de typologie de voyages : plus de loisirs qu'avant, et un peu moins d'affaires. »
Au passage, le dirigeant vilipende toute éventuelle augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA), rappelant que « toute hausse se répercute sur le prix ou sur la demande » et que « sur les vols les plus difficiles à remplir, ça dégraderait encore la situation ». Et la rentabilité de la compagnie…
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