Ricky EI a écrit : ↑jeu. 9 mai 2024, 22:49
Si ma mémoire est bonne, vous vous souvenez également que Ryanair avait publié très tard ses vols sur TLS pour le programme été 2024 et ils sont toujours là... Pour Bordeaux, le soucis est surtout que ABDM refuse d'agrandir Billi, là où opérait RYR à l'origine. S'ils menacent de partir, c'est à cause de la direction actuelle qui refuse de l'agrandir et surtout augmente les taxes aéroportuaires. Pascal Personne avait fait de BOD une plateforme attractive financièrement, la direction actuelle privilégie les compagnies chères pour freiner le trafic. Comme si elles allaient rester après le départ de RYR, s'il
se confirme. En tout cas, si cela se confirme, ils détruiront un travail de 15 ans et un partenariat commercial solide, même si la grosse majorité des routes peuvent être récupérées par easyjet et Volotea. Cela réduit la
concurence ![Exclamation :!:](https://www.forum-aviation.com/images/smilies/icon_exclaim.gif)
et pour une Société construite sur le modèle d'une PME telle ABDM, nous sommes à la Merci du Groupe AF. Un retour en arrière de 20 ans, au moins. C'est lamentable.
Bon sang, ce qu'il ne faut pas lire comme âneries. Toute personne qui travaille un peu sur les questions de route development sait que signer avec Ryanair pour ouvrir des lignes ne nécessite aucun travail de fond, seulement de l'argent à leur verser.
C'est le fast food du route development. Tu paies, on te livre le truc cheap que tu as demandé et rapidement. On peut éventuellement parler de travail pour des grosses bases comme BGY, BVA ou CRL par exemple. Et encore, c'est aussi dangereux parce qu'on se retrouve à la merci d'un partenaire qui peut exiger toujours plus. Le vrai effort au contraire, c'est de tenir tête au dumping de Ryanair.
On connaît la fixette diffamatoire de Ricky EI sur le directeur actuel de l'aéroport de Bordeaux. Ryanair est tout sauf un partenaire indispensable, surtout pour une agglomération de la taille de Bordeaux. Et quand on triche sur le support marketing et en refusant de payer le prix NORMAL d'une rotation, ce n'est pas de la concurrence, mais juste de la distorsion de concurrence. Se débarrasser de Ryanair assainit la concurrence.
Le modèle est devenu très malsain. C'est le consumérisme des parkings et des commerces qui financent le manque à gagner sur la rotation aujourd'hui, parce que les aéroports ont fait l'erreur de se sous-vendre, dans une peur maladive de ne pas pouvoir faire de trafic. Un vrai syndrome de Stockholm.
On en revient à ce fétichisme des chiffres et cette irrationalité du pilotage d'une entreprise sur le seul compteur de passagers annuels et de lignes directes, sans jamais qualifier une seconde la valeur ajoutée dégagée des lignes et des compagnies. Si Rolex avait eu la même approche, ils auraient fait des montres en carton produites au Xinjiang, avec des esclaves.
Il faut arrêter de compter les points sur une carte comme des Pokémon dans le cour de récréation avec ses camarades : " ouais mais mois j'ai huit lignes et 500 000 passagers de plus que toi. Tu as le seum hein !". Oui ? Et ? Pour qui ? Pour quoi faire ?
J'ai rarement vu autant de débilité dans un secteur économique. Enfiler les 2/7 sur des destinations à la c** pour juste faire du flux dans les commerces et les parkings est tout sauf un modèle durable sur le long terme.
Il détruit plus de valeur ajoutée qu'il n'en crée pour la collectivité. En revanche, il enrichit au passage financièrement certains acteurs très précis : La compagnie aérienne, les actionnaires de l'aéroport qui perçoivent les revenus extra-aéronautiques et les commerces qui vous facturent un micro sandwich 6€.
Et le pire est que cette logique de volume qui a été créée par la sous-facturation même des rotations. Les aéroports se sont mis seuls dans l'ornière par faiblesse. Moins on facture les revenus aéronautiques, plus on doit faire de volume dans les revenus extra-aéronautiques. Plus malsain, tu meurs.
Pour créer 100 de valeur ajoutée, il faut aujourd'hui un volume énorme de flux, de bagnoles et de consommation bébête dans les commerces, quand on pouvait faire la même chose avec le tiers ou moins de volume par le passé. On en arrive à ce genre de conneries quand on a les yeux fixés sur le compteur de passagers sans réfléchir au reste.
Le passager devient un pigeon pour le parking et les commerces, parce qu'on n'arrive pas à être payé normalement par les compagnies aériennes. La nature des destinations ne compte plus, il faut just en accumuler toujours plus sans distinction. Le transport aérien est devenu Action, Shein, Wish ou Temu en fait. On sait que ces entreprises sont formidables pour la planète...
Au final, l'empreinte carbone pour créer la même quantité de revenus a explosé dans le transport aérien dans cette course vers l'abîme des bas prix. Toujours plus de passagers, d'avions, de terminaux, d'artificialisation des sols, de parkings, de flux de bagnoles vers l'aéroport, pour générer une valeur ajoutée stagnante, voire en régression.
Franchement, je vais sortir le popcorn et les lunettes 3D, quand je vois les enjeux du moment sur la planète. Et quand on en discute avec les professionnels du secteur, on sent que très peu ont encore compris la taille du tsunami qui leur arrivait en pleine tronche. Même dans l'oil & gas, ils sont moins dans le déni que la plupart des aéroports... Ils investissent massivement dans les énergies renouvelables en ce moment.
Mais c'est sûr que quand tu discutes avec Jean-Michel Gros Aéroport Régional qui a fait un deal de coin de table avec Ryanair ou Volotea pour ouvrir 7 lignes minables pour envoyer du tourisme de masse en Grèce ou en Espagne, on vole tout de suite au ras des pâquerettes niveau compréhension et vision stratégique.