Erick a écrit : ↑mer. 15 mai 2024, 12:05
Comme il est légal et autorisé d’acheter et de rouler en diesel…C’est tellement plus confortable pour l’esprit de nier les problèmes de pollution et d’invoquer la « liberté individuelle »plutôt que de se poser les bonnes questions.Personnellement je roule électrique et privilegie le train à l’avion pour les trajets courts.Ce n’est ni extravagant ni être khmer vert que de le faire!
Le sujet est tellement vertigineux que regarder ailleurs est une réaction humaine assez logique. 200 ans de capitalisme moderne sont remis en question par les limites physiques de la planète. Tout notre développement est assis sur l'accumulation de richesses (croissance) et la consommation de ressources fossiles. Revenir là-dessus est inévitablement périlleux.
La lutte contre le changement climatique pose de sérieuses questions de libertés individuelles, sociales et démocratiques. On l'a vu avec la taxe sur les carburants qui a déclenché les protestations des gilets jaunes. Les réactions en faveur de la liberté sont normales et saines. Elles ont le mérite d'avertir les pouvoirs publics sur l'acceptabilité sociale des mesures à venir.
La réduction de l'impact environnemental du transport aérien est un gros sujet qui commence tout juste à être discuté dans les différentes sphères de la société. On commence à peine à réaliser que le progrès techniques et les carburants d'aviation durables (SAF) sont largement insuffisants pour inverser la courbe des émissions du secteur. On a 20 ans de retard sur d'autres secteurs économiques qui ont commencé à se remettre en question bien avant.
C'est le modèle même développement du transport aérien qu'il faut réinterroger. La réduction des émissions sera forcément avec une décroissance significative des flux. Problème, peut-on se passer de certains flux plus que d'autres ? Si vous interrogez la population, les besoins et les priorités d'une personne à l'autre ne sont pas les mêmes. Un finlandais pourra voir ses trois semaines au soleil comme vitales. Un travailleur détaché roumain, ses retours réguliers comme essentiels à son bien-être familial, etc.
Je crois qu'il n'y aura pas de solution unique et totale, sauf à vouloir créer de graves injustices parmi nos concitoyens. Il y a, pour faire simple, deux manières de réguler, de manière descendante vers le citoyen (règles, encadrement, interdictions, taxations, etc.) ou de manière montante par le citoyen (comportements de consommation, initiatives locales, etc.).
Je crois davantage à la seconde pour les actions "hard" (réduction effective des émissions) et à la première pour le "soft" (éducation, sensibilisation, etc.). Il faut que le choix de réduire ses émissions de CO2 à titre individuel soit libre et consenti. Je ne crois pas du tout aux mesures coercitives, du moins pour des usages courants.
De mon point de vue, il faut réinterroger nos besoins de consommation de transport aérien, mais sans toutefois procéder à des interdictions larges.
Par exemple, le secteur touristique est assis sur une image d'Épinal - plage, soleil, mer, chaleur - qui nous a été rentrée dans le crâne par un matraquage publicitaire au cours de la seconde partie du XXe siècle. L'héliotropisme balnéaire n'était pas aussi évident pour tous au XIXe siècle par exemple. Et le tourisme ne saurait être réduit à ce seul type d'expérience. Pourtant, la majorité des consommations touristiques tourne autour de ce cliché quand on regarde les flux et les chiffres d'affaires générés aujourd'hui.
On peut tout à fait promouvoir d'autres manière de se ressourcer, de se reposer et de profiter de son temps libre qui n'impliquent pas obligatoirement un voyage en avion, une plage, un palmier et la mer. Les futures générations pourront avoir une autre envie. On le voit par exemple sur la consommation d'alcool. Les nouvelles générations consomment de moins en moins d'alcool et certains ont même choisi de ne pas du tout consommer d'alcool. Il y a 50 ans c'était vraiment rare.
Ce qui me rassure pour l'avenir est que nos jeunes ont une conscience environnementale bien plus aiguisée que la nôtre ; les questions écologiques émergent tout juste quand on regarde l'histoire sur le temps long. Les prochaines générations n'auront probablement plus les mêmes envies de consommation que nous, et le tourisme pourrait considérablement évoluer avec la prise en compte de l'écologie dans nos manières de consommer.