Pour ne pas polluer le thread hiver 2022-2023
ThCh a écrit : ↑mer. 14 sept. 2022, 23:04
Bonsoir,
un commentaire sur le propos suivant :
"Pour le reste j'en veux aussi aux dirigeants des compagnies Françaises telles qu'Air Littoral, Air Liberté et AOM qui ont fait des choix catastrophiques. Ces compagnies mieux gérées avec un modèle hybride (un peu comme Aer Lingus) auraient été clairement utiles pour bon nombres d'aéroports Français."
Concernant AFU, la situation s'est dégradée à compter de la prise de participation de swissair . Je rappelle que les avions d'AFU se sont vidés dès l'adoption du système de réservation de swissair. Je rappelle que swissair a siphoné la tréso d'AFU qui avoisinait les 10MF si j'ai bon souvenir. Dans le groupe swissair de funeste destinée, AFU a été la compagnie qui a tenu le plus longtemps. Lorsqu'elle a été liquidée, elle était parvenue à l'équilibre de ses opérations. Sa liquidation fut décidée car sa rentabilité retrouvée, trop faible, ne permettait pas d'éponger le passif. MPL ne s'en est jamais remis véritablement.
ThCh
A l'instar de pas mal de compagnies Françaises (Aom, Air Liberté), Air Littoral a été effectivement pas souvent gagner de l'argent. De plus certains dirigeants ont utilisé une sorte de holding pour se faire de l'argent sur le dos de la compagnie et au grès des ventes et rachats, la valeur de la compagnie a été sous évalué. Ça a commencé au début des années 90, quand KLM a vendu ses parts à Euralair.
Les syndicats qui se demandaient pourquoi la compagnie perdait autant d'agent ont demandé une enquête. Et c'est là que l'on a découvert tout ce montage financier. Et malheureusement on a eu des choses plus ou moins similaire avec Aom, Air Liberté ou Euralair.
A vrai dire parmi les grandes compagnies Françaises disparues, seule Air Inter a réellement été bénéficiaire tout au long de sa vie. Elle a perdu de l'argent en 68 et à lors du 1er choc pétrolier. Mais elle a su toujours rebondir, notamment avec une politique des prix assez attractifs, des horaires bien étudiés et des avions adaptés à son réseau. Je citerais principalement A300, A320 / A321 et Fokker 100. On pourrait penser que comme la compagnie avait le monopole, elle pouvait faire n'importe quoi puisqu'elle recevait de l'argent publique. Ca n'était pas le cas.
Je me souviens des fois ou je prenais Air Inter (et j'estime d'avoir été un privilégié au début des années 90), je prenais souvent les vols de 11h de Montpellier à Orly car c'était parmi les moins chères.
IT a beaucoup d'argent au pire moment, lors de l'ouverture du ciel à la concurrence, au milieu des années 90 et n'en sait jamais remis. 25 ans plus tard on peut se dire qu'Air Inter aurait pu être la LCC d'AF. Son organisation le permettait et de plus c'était une compagnie appréciée.
Air Littoral: un capital très flottant
Le tribunal de commerce accorde un énième sursis au repreneur italien d'une compagnie aux comptes nébuleux.
par Catherine BERNARD
publié le 16 décembre 2003 à 2h21
Montpellier de notre correspondante
Air Littoral avait de nouveau rendez-vous hier avec le tribunal de commerce de Montpellier. Une compagnie au bout du rouleau, amputée de 250 de ses salariés sur un total de 1 000. Et aux réservations en chute libre. A Mario Palmonella, le repreneur et président de 7 Group, le tribunal a accordé un nouveau sursis : l'Italien a jusqu'à jeudi pour apporter les 11 millions d'euros promis pour relancer la compagnie somme qu'il s'était engagé à verser le 15 novembre. S'il ne le fait pas, les administrateurs devront trouver un autre candidat à la reprise d'Air Littoral pour un euro symbolique. Quitte à faire voler en éclat l'une des conditions posées par le Conseil supérieur de l'aviation marchande et le tribunal de commerce pour entériner la vente d'Air Littoral à 7 Group et autoriser ses avions à voler : un investissement permettant de renflouer la compagnie et de financer le plan social accompagnant la cession. Incroyablement confiants, Dominique Bussereau, le secrétaire d'Etat aux Transports, et Christian Masclaud, le président du tribunal de commerce, mais aussi juge-commissaire dans le dossier, ont fait jusqu'au bout mine de croire aux gesticulations de Mario Palmonella.
Deniers personnels. Histoire de gagner du temps, l'Italien a sorti de sa manche, le 4 décembre, un nouvel homme providence, Bengt Haornberg, un richissime Suédois résidant à Monaco et actionnaire de 7 Group. Ce dernier aurait fait un chèque de 150 000 euros correspondant au prix de cession du groupe Air Littoral sur ses deniers personnels... en attendant qu'il consente un prêt de 11 millions d'euros au fonds d'investissement de Palmonella. Une manoeuvre dilatoire qui n'a trompé personne. Elle répondait au moins à deux nécessités : faire partir, dès le 4 décembre, les lettres de licenciement de 250 salariés, et permettre à Marc Dufour, l'ancien dirigeant et actionnaire d'Air Littoral, de s'affranchir de toute responsabilité dans la faillite de la compagnie qu'il a dirigée de 1992 au 22 août 2003, tout en le libérant du dossier pour qu'il se présente à la tête d'une liste UDF aux élections régionales. Plus grave, cette vraie-fausse cession a peut-être permis l'évaporation de 27 millions d'euros d'actifs d'Air Littoral, transférés sur les comptes d'Azzurra-Air Littoral, la nouvelle société de Palmonella. Une somme correspondant aux dépôts de garantie constitués par Air Littoral auprès des loueurs d'avions pour 32 appareils, alors que 7 Group n'en a repris que 17, aurait dû être affectée, en partie, au financement du plan social estimé à 10 millions d'euros, laissé à la charge de l'Etat.
Le feuilleton de ce redressement judiciaire, fait de bluff et de comédie, est à l'image de l'histoire d'Air Littoral : une petite compagnie qui n'a jamais gagné d'argent... mais qui a permis à ses actionnaires de s'enrichir. Avec des taux de remplissage qui ont rarement dépassé les 60 % et 60 millions d'euros de dettes publiques pour non paiement de cotisations sociales, Air Littoral n'a jamais été en bonne santé. En 2001, excédés de ne rien comprendre à la gestion de leur entreprise, les organisations syndicales avaient demandé une enquête à la brigade financière privée d'Antoine Gaudino. L'ancien policier de Marseille découvre que la CFIA (Compagnie financière d'investissement aéronautique), actionnaire unique d'Air Littoral de 1992 à 1997, est en réalité une poupée russe qui abrite une série de sociétés. Bel écran pour masquer, entre autres, que trois des dirigeants d'Air Littoral, Marc Dufour, son PDG, Pascal Fulla et Jean-Marie Vignes ont été des actionnaires heureux. En 1994, ils ont, via Aéro Finances Participation (une des sociétés composant CFIA), acquis 49,9 % du capital d'Air Littoral pour la modique somme de 124 600 francs. «Ce qui ramènerait la valeur du groupe à un niveau dérisoire de 250 000 francs», souligne Antoine Gaudino.
Ecoeuré. Miraculeusement, en 1998, juste avant l'entrée de Swissair au capital de la compagnie, Air Littoral est valorisée à 375 millions de francs au terme d'un jeu confus de fusions et d'échanges de titres. Mais ses comptes restent toujours aussi mauvais. «Force est de relever que la présentation des comptes d'Air Littoral sous un angle faussement déficitaire et les restrictions imposées à ses salariés entre 1992 et 1998 ont surtout servi les intérêts de ses dirigeants», conclut Gaudino. La preuve est arrivée il y a quelques jours de manière anonyme par la poste à Libération. Il s'agit du fac-similé de «l'application de la convention du 9 janvier 1998» portant sur des échanges de titres entre différents actionnaires, dont Marc Dufour. Où l'on apprend que Dufour, Fulla et Vignes ont chacun encaissé 35 millions de francs. D'où venait l'argent ? Les opérations ne figurent pas dans les comptes sociaux de la compagnie.
Depuis 1992, la mécanique capitalistique (et vraisemblablement frauduleuse) d'Air Littoral est bien huilée. Cette année-là, lorsque la compagnie néerlandaise KLM qui a racheté Air Littoral en 1990 à son fondateur Robert Daros veut liquider à l'amiable la compagnie montpelliéraine, la décision est entérinée par un vote de l'assemblée générale. Marc Dufour, qui est alors directeur général, affirme qu'il y a délit d'entrave, le comité d'entreprise n'ayant pas été informé au préalable. Le tribunal de commerce en convient, annule la décision de KLM et nomme un mandataire ad hoc, qui veut se charger de «faire cracher les Hollandais». Et de trouver de nouveaux actionnaires. C'est chose faite en un mois : 730 millions de francs rentrent dans les caisses d'Air Littoral. Aussi vite consommés. Un nouveau tour de table est alors constitué grâce au réseau d'amitiés maçonniques de Marc Dufour: de l'avocat conseil, au directeur général d'Air Littoral, en passant par le président du tribunal de commerce ou le directeur des Urssaf de Montpellier, tous font partie du club d'affaires «Catalang 50». Ecoeuré par toutes ces embrouilles, SML3D, petit candidat éconduit de la reprise, vient de déposer plainte pour «captation d'actifs et détournements de fonds» auprès du procureur de la République.
https://www.liberation.fr/futurs/2003/1 ... nt_455524/